Rencontre avec Damien Parisien, Président du Congrès Polepharma Industrie du Futur les 26 et 27 novembre 2025 à Chartres

« Deux jours d’immersion dans le laboratoire d’analyse du futur »

Damien Parisien, CEO de Benta Lyon et Vice-Président du Collège Polepharma pour l’Est de la France, présidera la 8ᵉ édition du Congrès Polepharma Industrie du Futur, les 26 et 27 novembre 2025, à Chartres.
Cet événement majeur, réunissant plus de 250 décideurs de l’industrie pharmaceutique, mettra l’accent sur l’émergence du laboratoire d’analyse 4.0, à travers des conférences, ateliers, échanges et du temps de networking.
Selon Damien Parisien, ce congrès arrive à un moment crucial pour aborder les enjeux de transformation des laboratoires et CDMOs : « En unissant nos expertises, nous pourrons faire la différence et regagner notre compétitivité mondiale, en renforçant la performance de notre industrie ».

Comment vous présenter en quelques mots ?

J’affiche un parcours de presque 20 ans dans l’industrie pharmaceutique, principalement dans la sous-traitance et les laboratoires. Ingénieur en génie biologique, diplômé de l’Université Polytech Nice-Sophia, spécialisé en pharmacologie et biotechnologies, j’ai occupé plusieurs fonctions stratégiques dans la gestion des opérations industrielles, la qualité, les finances et les relations clients, au sein de grands groupes tels que Delpharm en France et en Belgique, Patheon France, ainsi qu’en tant que CEO du Groupe Galien. En juin 2022, j’ai intégré Benta Lyon et, en janvier 2024, j’y ai pris la direction générale exécutive du laboratoire pharmaceutique.
À la fois laboratoire génériqueur et sous-traitant français, Benta Lyon s’efforce de répondre à deux enjeux majeurs : maintenir un service de sous-traitance de qualité pour nos clients et lutter contre les pénuries de médicaments et produits matures en commercialisant nos propres génériques. C’est dans cette optique que nous avons repris, en 2020, une usine industrielle dans la métropole lyonnaise, à la barre du tribunal. Cette année, nous célébrons nos cinq ans d’existence !

Vous êtes président du Congrès Polepharma Industrie du Futur. Pourquoi avoir accepté cette responsabilité cette année ?

Ancien CEO de Galien et déjà administrateur de Polepharma, j’ai pris la vice-présidence du Collège Polepharma pour représenter les adhérents de l’Est de la France, notamment du Lyonnais et du Nord. Mon engagement dans cet événement reflète une conviction profonde : soutenir la filière pharmaceutique française fait partie de mon ADN.
Participer à ce congrès sur l’Industrie du Futur, c’est préparer notre secteur à relever les défis de demain. Je suis un fervent défenseur du Made in France et de la souveraineté sanitaire nationale. Je le répète sans cesse : avec courage et audace, nous pouvons faire la différence.
Bien que nous ne puissions pas tout produire en France, nous avons des atouts uniques à mettre en avant dans la compétition internationale.
Mon engagement en faveur de la réindustrialisation est également très clair : Benta Lyon a été lauréat de France 2030 à deux reprises, en 2023 et 2025, pour soutenir les médicaments essentiels, et je suis déterminé à faire de notre pays un leader dans cette révolution industrielle. C’est une démarche essentielle pour l’avenir de notre filière et de notre souveraineté sanitaire.

Quel thème phare est mis en avant cette année ?

Cette année, la thématique porte sur le laboratoire de contrôle, un élément clé de l’usine, qui réalise les analyses de qualité essentielles pour soutenir la production, notamment lors du processus de libération des lots.
Quatre grands axes seront explorés lors des conférences, tables rondes et ateliers : la culture et la performance au sein du laboratoire, l’implication des hommes et des femmes dans le processus 4.0, les méthodes, équipements et technologies de demain, ainsi que le pilotage des activités.
Le laboratoire de qualité, bien qu’un peu moins intégré dans la dynamique générale de la filière, reste un service clé, axé sur la qualité, avec des méthodes distinctes et spécifiques.
Pourtant, ce service est lui aussi en pleine mutation, adoptant l’intelligence artificielle, l’automatisation et de nouvelles technologies pour minimiser les déviations et améliorer la qualité.
Les femmes et les hommes qui œuvrent dans ce secteur sont animés par les mêmes objectifs de fiabilité, de performance et de formation.
Ce n’est pas anodin, car l’industrie du futur ne se limite pas uniquement à la production et au stockage, mais englobe également des services essentiels comme le contrôle qualité pour faire bien du premier coup et s’inscrire dans un cercle vertueux.
Ce domaine est pleinement en phase avec notre souveraineté sanitaire. Un prestataire qui réalise des analyses doit être capable de développer des méthodes performantes en collaboration étroite avec les industriels.
Cette synergie, à la croisée de l’innovation et de la qualité, est fondamentale pour préparer l’industrie pharmaceutique de demain.

Quels sont les principaux enjeux qui traversent le secteur et quels sont nos leviers d’action, selon vous ?

La crise du Covid-19 a révélé la dépendance de l’Europe aux importations de médicaments et de principes actifs, principalement en provenance de Chine et d’Inde. Face à ce constat, la France a engagé dès 2020 une stratégie de relocalisation pour renforcer sa souveraineté sanitaire et réindustrialiser le secteur.
En juin 2023, Emmanuel Macron annonçait ainsi un soutien financier à sept projets à travers le pays, et notamment Benta Lyon à Saint-Genis-Laval (Rhône), en vue de la fabrication de paracétamol pédiatrique, avec un investissement d’un million d’euros.
L’objectif : réduire la dépendance étrangère, prévenir les pénuries et renforcer la compétitivité des industriels français face à une concurrence internationale souvent subventionnée.
Dans cette reconquête industrielle, l’intelligence artificielle (IA) s’impose désormais comme un levier clé de transformation. L’emploi d’algorithmes d’apprentissage automatique révolutionne l’ensemble de la chaîne, de la conception à la fabrication, générant des gains de productivité significatifs.
Déjà, et au sein du laboratoire de contrôle comme sur les chaînes de production, la reconnaissance visuelle pilotée par l’IA promet d’automatiser le contrôle qualité, accélérant les processus et libérant les opérateurs pour des tâches à plus forte valeur ajoutée.
De cette façon, les postes de travail deviennent plus ergonomiques, plus efficaces et plus agréables pour les opérateurs, contribuant ainsi à une industrie plus performante et compétitive.
L’enjeu est désormais d’accompagner cette révolution en développant les compétences des hommes et des femmes du secteur, en capitalisant sur l’expertise française et en consolidant un cadre réglementaire favorable.
La France possède les talents, les technologies et le savoir-faire nécessaires pour bâtir une filière pharmaceutique robuste et indépendante.
L’accélération des investissements et le renforcement des synergies industrielles seront décisifs pour transformer cette dynamique en opportunité durable, au service de la réindustrialisation des territoires et du maintien des emplois.

Quelle est l’actualité de la transformation chez Benta Lyon ?

En 2022, l’usine de Saint-Genis-Laval ne tournait quasiment plus et les salariés étaient en chômage partiel... L’enjeu était de relancer l’activité et de bâtir un outil industriel performant.
Résultat : aujourd’hui, l’entreprise collabore avec une trentaine de laboratoires et génériqueurs, de la big pharma aux PME, et nous avons lancé l’année dernière notre propre gamme de médicaments génériques, avec l’ambition d’en commercialiser plusieurs par an.
L’objectif est clair : produire en France des médicaments souvent en rupture de stock et renforcer la souveraineté pharmaceutique.
Avec une offre dorénavant diversifiée – formes sèches, pâteuses, liquides non stériles – et une unité injectable state of the art à venir en juin 2025, l’usine s’adapte aux besoins du marché.
La modernisation passe par un nouvel ERP, l’acquisition d’équipements de pointe (notamment pour le conditionnement alu-alu) et la création d’une unité injectable conforme à l’annexe 1, avec un potentiel pour remplir des biosimilaires à l’avenir.
L’effectif, en croissance également, atteint 130 collaborateurs, avec une vingtaine de recrutements en cours.
L’entreprise repose sur un modèle disruptif et compétitif pour commercialiser des médicaments génériques dans l’Hexagone : la sous-traitance et la production intégrée, jusqu’à la distribution en pharmacie.
Cette approche audacieuse séduit des acteurs majeurs comme P&G, Zentiva et Sanofi, attirés par la réduction des coûts de transfert et la garantie d’une production nationale.
Engagée sur le long terme, notre entreprise s’inscrit dans une transformation industrielle durable, sur des cycles de trois à cinq ans et avec l’ambition d’atteindre 24 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025.
Un atout indéniable est de travailler avec les acteurs locaux et régionaux, avec la volonté de grandir ensemble et de renforcer l’industrie pharmaceutique française.

Pourquoi cette nouvelle édition du congrès arrive-t-elle à point nommé ?

Les sites industriels sont déjà engagés dans la transformation 4.0 et l’adoption des nouvelles technologies pour gagner en performance, mais ont besoin d’accompagnement pour déployer leur stratégie en toute confiance.
À travers le partage d’expériences, nous souhaitons les amener à se poser les bonnes questions et à choisir la meilleure approche, qu’il s’agisse d’un premier déploiement ou d’une mise en œuvre à grande échelle.
La force du congrès repose sur un comité mixte réunissant à la fois des industriels, sous-traitants, CDMOs et fournisseurs réunis pour « faire filière » et élaborer un programme adapté aux besoins : Benta Lyon, Enter, Aptar Pharma, Chorège, Rockwell Automation, ETN Elec Euro, Bio Modeling System, SKPharmteco, Fareva, Kenvue, Aquassay et Novo Nordisk.
L’édition précédente du congrès a rassemblé 250 décideurs. Avec un focus sur le laboratoire de contrôle cette année, l’événement veut élargir son audience aux acteurs clés de l’usine, du développement à la qualité et la production.
Ce qui compte, c’est de favoriser le benchmark des idées, des expériences et des pratiques, pour faciliter la prise de décision et accélérer la transformation industrielle !

En tant que président, quel message souhaitez-vous faire passer sur le congrès ?

L’objectif est d’offrir en deux jours une vision à 360° – complète et immersive – des évolutions du secteur. Ce rendez-vous incontournable permet d’anticiper l’avenir des laboratoires pharmaceutiques avec leurs partenaires sur la chaîne du médicament, en misant sur la performance et le développement des compétences. En rassemblant un large éventail d’acteurs et en partageant un maximum d’idées, nous renforçons l’ensemble de la filière. L’intelligence collective fait la différence : en unissant nos forces, nous créons bien plus que la somme de nos expertises !

Qu’est-ce qui fera que cette édition sera réussie ?

Une édition réussie repose, selon moi, sur trois piliers : des échanges enrichissants, un networking de qualité et que chaque participant reparte avec une feuille de route claire pour les années à venir. L’objectif est de fournir une vision complète et pratique de l’avenir, en mettant en lumière les opportunités et les points de vigilance stratégiques. En repartant avec des perspectives concrètes et des connexions solides, chaque participant pourra contribuer activement à la transformation et à la compétitivité du secteur.

Comment Polepharma s’inscrit-il dans cette dynamique ?

En renforçant les connexions entre chaque maillon de la chaîne, Polepharma joue un rôle clé dans cette dynamique.
Récemment, il a renforcé sa présence en Rhône-Alpes avec l’ouverture de nouveaux bureaux à Lyon, affirmant ainsi sa légitimité au cœur d’une région clé pour la production pharmaceutique.
Cette implantation stratégique lui permet de mieux représenter les acteurs du secteur à l’échelle nationale.
Les adhérents lyonnais et ceux de l’Est de la France bénéficient désormais d’un accès privilégié à des événements de networking, des groupes de travail et bien plus encore.
En faisant filière ensemble, nous valorisons le Made in France et renforçons la cohésion du secteur : plus nous unissons nos forces, plus nous maximisons notre impact !

Propos recueillis par Marion Baschet Vernet

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Contact : 

Marie-Flore Barreau - Responsable Performance Industrielle 
marie-flore.barreau@polepharma.com