Rencontre avec Jean-François Minebois, Chef de projet environnement et R&D chez IDEC Santé, et intervenant lors du Congrès Polepharma Performance Environnementale les 21 et 22 mai à Rouen
« Biodiversité : défi industriel ou atout compétitif ? »
Partenaire de longue date de Polepharma, IDEC Santé est engagé aux côtés de l’industrie pharmaceutique pour promouvoir une performance environnementale durable. Jean-François Minebois, chef de projet environnement et R&D chez IDEC Santé, interviendra les 21 et 22 mai 2025 à Rouen lors de la 2ᵉ édition du Congrès Polepharma de la Performance Environnementale (CPPE) sur la « Biodiversité : défi industriel ou atout compétitif ? ». Cet événement majeur, soutenu par la Région Normandie, rassemble chaque année plus de 150 professionnels autour d’une ambition commune : faire progresser la filière face aux enjeux climatiques et écologiques.
Pourriez-vous vos présenter en quelques mots ?
Je suis chef de projet Environnement et R&D chez IDEC Santé depuis quatre ans. J’accompagne nos équipes et nos clients dans la conception et la réalisation de projets industriels plus durables, en y intégrant les enjeux environnementaux dès les premières phases de réflexion jusqu’à l’exploitation des bâtiments. IDEC Santé est spécialisée dans la conception et la construction de sites pour les industries pharmaceutique, cosmétique et du luxe, avec une offre clé en main intégrant les process spécifiques de chaque client. Notre force réside dans une approche globale, tournée vers l’avenir, qui dépasse la simple exécution des travaux. Nous coconstruisons avec nos clients des plans directeurs capables d’anticiper leurs évolutions, notamment sur les aspects énergétiques et environnementaux. La biodiversité s’inscrit naturellement dans cette démarche à long terme.
IDEC Santé est partenaire du Congrès Polepharma de la Performance Environnementale (CPPE) depuis la première édition. Que représente l’événement pour vous ?
Le CPPE est un moment-clé pour toute la filière pharmaceutique engagée dans la transition environnementale. En tant que partenaire historique de Polepharma depuis plus de dix ans, IDEC Santé considère ce congrès comme une opportunité unique de rassembler l’écosystème autour de sujets concrets. Ce rendez-vous annuel est une plateforme pour partager nos bonnes pratiques, échanger sur nos retours d’expériences, mais aussi écouter les besoins du terrain et de nos clients. La richesse du réseau Polepharma, c’est justement cette capacité à faire dialoguer l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur.
Quel rôle Polepharma joue-t-il dans l’engagement environnemental des industriels du médicament ?
Polepharma agit comme un catalyseur des forces en présence. Le réseau fédère les industriels autour d’enjeux communs, y compris ceux qui peuvent sembler éloignés de leur cœur de métier, comme la biodiversité. Grâce à ses événements, ses groupes de travail, son ancrage territorial et son influence nationale, Polepharma permet aux entreprises, même concurrentes, de partager des solutions et d’avancer ensemble. Dans un contexte réglementaire exigeant, ce collectif est une vraie force. La dynamique insufflée donne du poids aux démarches RSE et permet d’accélérer la transformation des pratiques industrielles.
Vous intervenez cette année sur le thème de la biodiversité. Pourquoi ce choix ?
En 2024, nous étions déjà présents au CPPE à travers un stand et une participation à la table ronde sur le mix énergétique pour décarboner l’industrie, aux côtés de Novo Nordisk et EDF. Nous avons pu y aborder la diversité des solutions énergétiques disponibles et leur rôle prépondérant dans la réduction de l’empreinte carbone de l’industrie. Cette année, nous avons choisi de mettre en lumière un autre enjeu majeur : la biodiversité.
Souvent perçue comme un sujet secondaire, voire contraignant dans l’industrie, la biodiversité est pourtant essentielle à l’équilibre de nos écosystèmes, y compris industriels. Elle fournit notamment des services systémiques dont dépendent directement nos ressources, nos approvisionnements et, à terme, notre compétitivité. La biodiversité est également un indicateur précieux, reflet de nos actions sur l’environnement. Protéger la biodiversité implique donc de limiter notre empreinte sur l’ensemble de la biosphère. Pour prendre un exemple concret : la question actuelle de la réutilisation de l’eau sur les sites industriels permet à la fois de protéger la ressource, mais également de limiter la pollution des milieux écologiques associés.
Avec Polepharma, nous avons choisi de traiter ce thème sous un angle volontairement pragmatique : « Défi industriel ou atout compétitif ? » Lors de la table ronde avec Hervé Plessix, directeur général de Stéarinerie Dubois, et Emmanuel Régent, pdg Biodiversio, nous démontrerons que performance industrielle et enjeux environnementaux – notamment la biodiversité – ne sont pas incompatibles, mais bien complémentaires, dans une logique de transparence et de durabilité.
Quels atouts apportez-vous, en tant que constructeur, à la filière pharmaceutique sur les enjeux environnementaux ?
Nous avons une approche globale et anticipatrice. IDEC Santé ne se contente pas de concevoir et de construire des bâtiments pour l’industrie pharmaceutique, nous accompagnons les industriels dans leur stratégie de développement à long terme. Grâce à Polepharma, nous partageons cette vision auprès de l’ensemble de la filière. Par exemple, nous aidons à intégrer dès la conception les futures extensions, les besoins énergétiques ou les contraintes réglementaires à venir. C’est une expertise que nous avons développée depuis plusieurs années, avec des équipes internes dédiées à l’environnement et à l’innovation.
Quels sont, selon vous, les enjeux prioritaires pour la filière pharma en 2025 ?
Les quatre grands axes - repris sur le congrès cette année - sont clairs : la gestion de l’eau, la biodiversité, la décarbonation, et les aspects réglementaires (avec la CSRD notamment). La décarbonation est aujourd’hui au cœur des préoccupations économiques, notamment parce qu’elle est assortie de contraintes financières et réglementaires croissantes. L’eau, bien que moins mise en avant que les émissions de carbone, est déjà une ressource critique dans de nombreuses régions. Quant à la biodiversité, elle reflète l’état de santé de notre écosystème et de toutes les autres pollutions.
Pourquoi ce congrès tombe-t-il à point nommé ?
Nous sommes à un tournant. Le niveau d’exigence en matière environnementale et les trajectoires réglementaires semblent aujourd’hui fragilisées. Citons, par exemple, le principe du zéro artificialisation nette (ZAN) des sols qui est aujourd’hui remis en question. Dans ce contexte, il est crucial de maintenir, en tant que filière, le cap sur des politiques ambitieuses pour préserver la biodiversité.
Dans un contexte économique tendu, les enjeux environnementaux peuvent passer au second plan. Et pourtant, c’est précisément maintenant qu’il faut les renforcer. Le CPPE arrive à point nommé pour rappeler qu’il est possible – et nécessaire – de concilier performance industrielle et responsabilité environnementale.
Polepharma offre un cadre collectif structurant pour porter ce message, autant pour la production en France, dans des conditions respectueuses de l’environnement, que pour l’approvisionnement international.
Quels sont, selon vous, les facteurs clés de réussite de cette édition ?
La participation est évidemment essentielle pour mobiliser largement autour des enjeux environnementaux. Mais le véritable succès du CPPE reposera sur la richesse des retours d’expérience et la capacité des participants à repartir avec des idées concrètes et actionnables. Ce congrès ne doit pas rester un simple moment d’échange théorique : il doit permettre aux industriels de retourner sur leur site avec un éventail de solutions à mettre en œuvre, immédiatement ou à plus long terme - qu’il s’agisse de rénovation énergétique, de gestion de l’eau, de réutilisation des ressources ou de pilotage RSE. C’est cette approche pragmatique, impulsée par Polepharma, qui fait toute la force de l’événement.
Un mot de conclusion ?
À travers le CPPE, Polepharma donne une voix à ceux qui souhaitent conjuguer compétitivité, innovation et transition environnementale. Nous sommes fiers de contribuer à cet élan, en mettant notre expertise de concepteur et de constructeur au service de projets durables.
Dans les secteurs de la santé et de la cosmétique, les acteurs œuvrent pour le bien-être des individus. Il serait incohérent de ne pas intégrer les enjeux de biodiversité à cette mission. Agir pour la nature, c’est agir pour la santé. La biodiversité ne se limite pas à un sujet écologique : elle touche directement à la qualité de vie au travail, au bien-être physique et mental des personnes. La biophilie - ce lien fondamental entre l’humain et la nature - est aujourd’hui bien documentée : la présence d’éléments naturels améliore notre confort, notre concentration et notre santé.
Alors que nous construisons les sites industriels de demain, pensons-les comme des lieux vivants, connectés à leur environnement. La transition écologique n’est pas un frein, mais une opportunité d’innover pour produire mieux, de manière plus responsable, et au service d’une industrie attractive, humaine et tournée vers l’avenir.
Propos recueillis par Marion Baschet Vernet
Contact :
Guillaume Deroudille - Responsable Polepharma Gipso – Réseau Nouvelle Aquitaine en charge de la Performance Environnementale
guillaume.deroudille@
Coraline Dupont - Pharmacien Affaires Pharmaceutiques
coraline.dupont@polepharma.com